Au Château maintient l’obligation vaccinale pour ses employés et dévoile le taux de satisfaction de ses résidents

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Suzanne Gammon

Tribune

Face à des critiques virulentes et d’une pression constante pour abolir l’obligation vaccinale imposée à ses employés, l’administration d’Au Château a présenté deux rapports à son conseil d’administration le 17 mai, l’un recommandant de continuer à exiger la vaccination de tout le personnel et l’autre faisant état de résultats très favorables d’une enquête de satisfaction menée auprès des résidents et de leurs familles. Après délibération, la majorité du conseil d’administration a souhaité maintenir l’obligation vaccinale pour les employés du foyer de soins de longue durée, bien que ce souhait n’ait pas été unanime.

Le directeur Jacques Dupuis a présenté un rapport de 9 pages exposant son raisonnement en faveur du maintien de l’obligation vaccinale. Selon lui, il est prouvé que la vaccination réduit la transmission de la COVID-19 et que, bien que «les variants de la COVID aient trouvé des moyens de contourner le vaccin […], il subsiste un degré significatif de protection contre la maladie originale et tous ses variants comparativement à une personne non vaccinée.» Par conséquent, «comme les personnes vaccinées sont moins susceptibles d’attraper la maladie, elles sont moins susceptibles d’être une source de transmission de la maladie à la population vulnérable sous notre charge,» a-t-il écrit.

M. Dupuis a reconnu que, depuis le 31 mars, la province a supprimé de nombreuses restrictions liées à la COVID-19 et a laissé les établissements de soins de longue durée (SLD) décider eux-mêmes d’exiger ou non la vaccination de leur personnel. Il a toutefois souligné que «la majorité des établissements de soins de longue durée appliquent une politique de vaccination obligatoire», tout comme l’hôpital local et les principaux hôpitaux universitaires de l’Ontario, ainsi que le conseil d’administration des services sociaux du district de Nipissing pour les ambulanciers et les soins à domicile et communautaires de Santé Ontario «car ils s’occupent d’une population vulnérable et fragile.»

M. Dupuis estime qu’Au Château s’aventurerait sur un terrain glissant en supprimant l’obligation vaccinale. “Nous pensons que certains membres du personnel pourraient refuser de se faire vacciner à l’avenir, y compris contre la grippe. Cela créerait une culture nuisible à la santé et à la sécurité de notre personnel et de nos personnes âgées fragiles. Cela créerait un environnement propice à plus d’éclosions et probablement plus de décès de résidents dans notre foyer.»

Le directeur avait demandé l’avis du Bureau de santé de Nipissing Parry Sound et district. Il a cité la réponse du Dr Chirico, médecin hygiéniste : «Les résidents des foyers pour personnes âgées courent toujours un risque élevé de développer une forme de maladie grave de la COVID-19, surtout s’ils ne sont pas à jour dans leur vaccination. (…) Nous restons fermement convaincus que les vaccins contre la COVID-19 sont essentiels et continuent d’être une arme inestimable dans la lutte contre la COVID-19, et nous continuons à encourager le personnel à rester à jour dans ses vaccinations,» a déclaré le Dr Chirico.

Selon M. Dupuis, l’obligation vaccinale ne viole pas les droits des travailleurs, d’après un arbitrage qui fait jurisprudence, et il a souligné que les deux syndicats représentant les travailleurs d’Au Château, le SCFP et l’ONA, ne s’opposent pas à cette politique. Il a ajouté que, parmi la centaine d’employés du foyer, seuls sept ont refusé de se faire vacciner et ont été suspendus sans salaire, bien qu’ils puissent revenir à tout moment s’ils se conforment à l’exigence. Selon le directeur, cette mesure n’a pas eu d’impact sur les niveaux de dotation, d’après une analyse des nouvelles embauches nettes entre le 1er janvier 2021 et le 5 mai 2023. Bien qu’il y ait eu une pénurie de travailleurs de la santé bien avant la pandémie, M. Dupuis a fait remarquer qu’il s’agissait d’un problème national, et que les inscriptions sont en hausse dans les programmes de formation actuels. «Le statut vaccinal n’est pas un obstacle au recrutement des étudiants, qui savent que les hôpitaux et les établissements de soins de longue durée exigent que leur nouveau personnel soit vacciné. Tous ces étudiants choisissent de se faire vacciner ou de poursuivre d’autres carrières,» d’écrire le directeur.

L’argument le plus convaincant était avancé par le Conseil des familles du foyer, qui représente les résidents et leurs familles. Ce conseil a écrit à M. Dupuis pour lui indiquer que, lors d’une réunion tenue le 1er mars, il avait voté à l’unanimité pour demander au conseil d’administration de ne pas modifier l’obligation vaccinale imposée au personnel. M. Dupuis a souligné qu’en vertu de la nouvelle Loi sur les soins de longue durée, les conseils de famille se sont vu accorder des pouvoirs accrus et que les foyers ont été sommés à tenir compte de leurs recommandations. «Ceci est leur foyer et c’est à eux de décider. Ils sont chez eux après tout,» a-t-il conclu.

Le conseil réagit au rapport

Jérôme Courchesne, membre du conseil d’administration, a remercié M. Dupuis pour son rapport détaillé et a déclaré qu’étant donné «l’absence de directives précises du ministère… je voterais pour le maintien de la politique actuelle», avec la possibilité de la réexaminer à l’avenir.

Le membre Ronald Demers a rappelé qu’il faisait partie de l’ancien conseil d’administration qui avait adopté la politique à l’unanimité, et il a déclaré : «Je m’en tiens toujours à ce vote.»

La vice-présidente Catherine Neddow a fait référence à un document qu’elle avait précédemment envoyé aux membres, exprimant ses inquiétudes concernant le niveau de dotation si les établissements de soins de longue durée perdaient des travailleurs non vaccinés. Selon elle, 45 % des préposés aux services de soutien personnel (PSSP) en Ontario sont des personnes noires ou autochtones, et ces groupes seraient parmi les moins vaccinés. Elle voulait savoir où se trouvent aujourd’hui ces travailleurs, s’ils ont été licenciés ou s’ils travaillent encore. «Il y a un mystère à résoudre,» a-t-elle déclaré.

M. Dupuis a répondu que 82 % de la population noire âgée de plus de 12 ans avait été vaccinée. Mme Neddow a rétorqué que ces statistiques dataient de février 2022 et qu’elles ne représentaient que la première dose de vaccin que les travailleurs avaient été «contraints de recevoir», et qu’elle était convaincue que bon nombre d’entre eux n’avaient pas reçu d’autres doses. Elle n’a cité aucune donnée à l’appui de cette affirmation, puis elle est revenue sur l’affirmation selon laquelle les travailleurs avaient été «contraints.» M. Dupuis a répondu à ses préoccupations en affirmant que «il n’y a pas eu d’exode massif du personnel, qu’il s’agisse de personnes noires, autochtones ou autre.»

Mme Neddow a également déploré que le ministère de la Santé et des Soins de longue durée n’ait pas imposé une politique standardisée, ce qui a conduit à «une énorme variation des politiques dans les établissements à travers l’Ontario.» Elle a soutenu que certains établissements avaient déjà levé leur obligation vaccinale et n’avaient pas connu plus d’éclosions comme résultat.

Fern Pellerin s’est dit préoccupé par le sort des travailleurs suspendus. “De nombreux PSSP m’ont contacté (…) et j’ai le sentiment que nous devrions tourner la page et renverser la politique afin que les non-vaccinés retournent au travail, surtout avec la pénurie de main d’œuvre,» a-t-il exprimé.

Son collègue Jamie Restoule s’est dit sensible à cela, mais selon lui la vaccination «n’est pas la raison pour laquelle nous manquons de personnel, c’est un problème depuis de nombreuses années.» Il a estimé que les précautions prises par Au Château étaient justifiées car «c’est très différent des autres organismes; nous nous occupons de personnes âgées. (…) Nous devons être aussi prudents que possible avec les résidents.»

Le président du conseil d’administration, Daniel Gagné, est revenu sur la demande du Conseil des familles, qui avait beaucoup de poids à ses yeux. «Ils ont unanimement demandé que nous gardions la politique vaccinale intacte pour le moment,» a-t-il déclaré, ajoutant que cette question pourrait être réexaminée plus tard. M. Dupuis a indiqué qu’un vote n’était pas nécessaire puisque la volonté de la majorité était claire et qu’il n’y avait pas de proposition de changement. Il a assuré que toute nouvelle information ou tout nouveau développement qui justifierait un réexamen serait porté à la connaissance du conseil.

Les résidents et leurs familles sont très satisfaits, d’après deux sondages

Dans un second rapport, M. Dupuis a présenté les résultats de deux enquêtes évaluant la satisfaction des résidents et des familles. Trente-quatre résidents et trente membres de leur famille ont participé à des sondages volontaires, menés en 2022.

Les résidents ont été invités à évaluer divers aspects du foyer en leur attribuant l’une des quatre notes suivantes : médiocre, bon, très bon et excellent. Parmi les éléments évalués figuraient les efforts du personnel pour répondre à leurs besoins, la sécurité, la confidentialité des informations relatives à leur santé, le respect de leur vie privée, les bains, les activités, les services de cantine et de repas, la propreté, les services de blanchisserie, et ainsi de suite. Seulement 1% des notes étaient «médiocres», 14% étaient «bonnes», 45% étaient «très bonnes» et 40 % étaient «excellentes». M. Dupuis a expliqué à son conseil que les notes les plus basses, bien que largement bonnes à excellentes, concernaient les repas, et il a assuré qu’ils avaient déjà pris des mesures pour améliorer ce service en créant un comité de résidents chargé de formuler des recommandations quant à l’alimentation.

Les résidents ont également été invités à classer les soins médicaux, les soins infirmiers et les autres services primaires de médiocre à excellent. Là encore, seul 1 % des notes était «médiocre», tandis que 20 % étaient «bonnes», 42 % «très bonnes» et 37 % «excellentes».

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