Ce moment est attendu depuis longtemps, mais il apporte autant d’angoisse que de soulagement aux survivants des écoles résidentielles de Spanish, Ontario et leurs familles, dont plusieurs de la Première nation Nipissing.
Le 4 février, on annonçait le début d’une initiative pour sonder les terrains des anciennes écoles résidentielles de Spanish au cours des 2 à 3 prochaines années, afin de déterminer s’il y a des dépouilles d’enfants ensevelies à ces endroits. L’annonce a secoué les membres de la Première nation Nipissing, car des générations d’enfants népissingues ont assisté à l’une des deux écoles de Spanish. D’autres venaient du Manitoba, d’autres communautés nord-ontariennes et du Québec, formant la plus grande institution du genre en Ontario.
Il y avait une école pour les garçons et une pour les filles, opérées de 1913 à 1965 sous l’égide des Jésuites, de la congrégation des Filles du Cœur de Marie et du gouvernement du Canada. L’initiative de recherche a été lancée par le Partenariat Nisoonag (trois canoës), qui réunit les premières nations de Serpent River, Sagamok-Anishnawbek et Mississauga. L’histoire orale entourant ces écoles compte des témoignages sur la disparition d’enfants. Ainsi, plusieurs membres de la Première nation Nipissing (PNN) ont reçu l’annonce avec grande émotion ; la volonté d’enfin révéler la vérité se mélange à l’angoisse de rouvrir des plaies profondes.
Le chef de la PNN, Scott McLeod, dit qu’il faudra soutenir les gens traumatisés tout en poursuivant la vérité. «C’est une bonne chose que le fédéral ait contribué 700 000$ et que la province ait promis 900 000$ pour cette initiative, et que ces sommes comprennent un montant pour soutenir la santé mentale des survivants au cours de ce processus, ce qui est très important. Ce n’est pas assez, loin de là, mais au moins il y a des fonds affectés à la santé mentale. C’est essentiel, et ça aide nos survivants à guérir. Mais il faut aussi initier une discussion plus large. Je suis en faveur de rapatrier ces enfants et d’élucider cette affaire, mais je questionne les chefs de l’Ontario qui poussent pour faire ces fouilles. Nous avons parlé de la possibilité d’enquêtes criminelles… et je me demande si nous précipitons les choses, si nous n’agissons pas trop vite avant de savoir si nos actions risquent de nuire aux éléments de preuve dans une enquête criminelle.»