Une fresque appelle à la conscience environnementale

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Gayle Primeau, du Comité d’embellissement de Sturgeon Falls, et l’artiste Stéphane Lennon dévoilent une nouvelle fresque murale à l’angle des rues Queen et Main.

Isabel Mosseler

IJL – Réseau.Presse

Tribune

La première fresque murale de l’année 2023 a été érigée sur la façade nord du magasin Michaud & Lévesque, à l’angle des rues Main et Queen, et l’endroit est bien choisi. Le tableau est un message de l’artiste Stéphane Lennon, qui voulait donner une voix à la nature contre le fléau des déchets, et ce coin du centre-ville est malheureusement sujet à une accumulation d’ordures selon Gayle Primeau, présidente du Comité d’embellissement de Sturgeon Falls et coordonnatrice du projet des fresques murales au centre-ville.

Le tableau montre des animaux portant des pancartes avec des messages bilingues dénonçant les pollueurs. «Pas d’ordures dans la nature,» «Les déchets, ça déplait,» «Vive la propreté,» font valoir le loup, l’ours, le lièvre et le raton laveur, tous peints en teintes de bleu, vert et jaune principalement. L’objectif, c’est de faire réfléchir les gens avant qu’ils ne jettent leurs déchets par terre. «Je suis très passionné par rapport à l’environnement et le problème des déchets qui trainent, ça me préoccupe beaucoup,» dit Stéphane Lennon.

Il raconte qu’au départ, il allait mettre les messages dans des bulles comme dans les bandes dessinées, mais il a plutôt choisi des pancartes parce que ça évoquait une manifestation, soulignant le fait que les animaux n’ont pas de voix pour protester contre l’activité humaine qui nuit à leur habitat. «C’est plus fort comme message. (…) J’ai choisi des animaux qui vivent dans cette région, plutôt que des animaux non-endémiques.» Bien sûr, cela aurait été illogique de voir des girafes et des hippopotames au centre-ville de Sturgeon Falls, mais les loups, les oiseaux et les ratons laveurs touchent une sensibilité locale.

Les couleurs sont vives, éclatantes. «Dès le départ, j’avais en tête une palette de bleu et de vert. Je voulais m’inspirer de l’art forestier, «Woodland style», très typique de la région. (…) Je suis autochtone, je ne suis pas originaire de cette région mais je sens une appartenance au Nipissing parce que j’assiste aux cérémonies et activités à Nipissing… Je me suis inspiré du Woodland mais je l’ai personnalisé. Je n’aime pas copier d’autres styles, alors je l’ai fait à ma manière à moi, tout en utilisant le coloris d’un style Woodland plus typique.»

En effet, l’œuvre est unique en son genre, avec un aspect un peu néon, une profondeur qui se distingue du style Woodland et des éléments inattendus qui surprennent lorsqu’on s’approche du tableau : un ovni et un satellite dans le ciel. «Je voulais faire quelque chose qui ressortirait, qui se verrait de loin, sans le faire trop différent quand même… Je suis assez difficile lorsqu’il s’agit du choix de couleurs.»

Stéphane dit qu’il a consacré environ 32 heures à ce projet, travaillant dans un espace fourni par Gayle Primeau. «J’habite un tout petit appartement et le tableau était trop gros pour travailler là.» C’est une façon de travailler assez nouvelle pour le jeune artiste de 20 ans, qui crée normalement de l’art numérique. «Je fais de l’art depuis toujours mais j’essaie de le faire de manière professionnelle depuis environ 5 ans. J’ai toujours été passionné par l’art et surtout par l’art sur le thème de la nature. Je ne représente pas souvent des humains dans mes œuvres. C’est la première fois que je fais une fresque murale mais j’espère en faire d’autres, et peut-être que celle-ci attirera l’attention d’autres villes et d’entreprises qui pourraient s’intéresser à moi,» dit-il.

Pour l’instant, «je travaille surtout à la pige, à commission pour des personnes qui commandent une œuvre, mais je n’ai pas fait beaucoup de travail commercial. J’ai fait quelques logos et designs de produits. J’ai appris sur le tas.»

Il est né à Sturgeon Falls mais il a grandi à North Bay, puis il est revenu s’installer ici l’an dernier. Il espère y faire une différence, et ses ambitions ne touchent pas seulement l’art mais aussi l’écologie. «Je voudrais lancer un programme environnemental, peut-être au printemps. J’avais pensé à un projet où nous pourrions installer des mangeoires un peu partout en ville, et mettre des graines d’oiseaux qui sont bonnes pour les plantes endémiques afin que ces plantes puissent se répandre. Cela aidera à reverdir nos espaces.»

Le jeune artiste résume bien simplement ce que sa fresque veut exprimer : «Mon seul message, c’est d’encourager les gens de tous les âges et tous les milieux à mieux apprécier et renouer avec la nature et à comprendre que la nature n’est pas moins importante que nous.» 

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