
On a l’habitude de voir Marie-Paule Roberge dans la chorale de l’église ou comme bénévole à des activités communautaires, et non pas expulsée de force d’un endroit par la police.
C’était donc surréel de la voir escortée hors de l’Hôpital général de Nipissing Ouest par deux agents de la Police provinciale de l’Ontario le jeudi 17 mars. Mme Roberge refusait de partir sans avoir vu son époux Hector, 84 ans, admis la veille et placé en quarantaine pendant dix jours suite à un test positif à la COVID-19. Elle a finalement accepté de quitter l’hôpital lorsque la police a été appelée pour la faire sortir.
Mme Roberge souligne qu’elle est l’aidante principale de son époux et selon elle, la politique de l’hôpital devrait être modifiée pour refléter cette désignation. Visiblement bouleversée, elle était inquiète que son mari se retrouve seul au moment même où il avait le plus besoin d’elle. «L’une des choses que nous avons appris pendant cette pandémie, c’est à quel point la famille est essentielle pour aider les patients en soins de longue durée et dans les hôpitaux. C’est pour cela qu’on désigne des «aidants essentiels»», dit-elle.
Lorsqu’elle a emmené son époux à l’hôpital, elle ne pouvait pas entrer avec lui au service des urgences. Elle a donc attendu trois heures, puis on lui a dit qu’il était atteint de la COVID-19 et qu’il serait donc isolé pendant dix jours. «Il avait commencé à avoir des symptômes le 6 mars. Après un test rapide fait le 6 mars, j’ai appelé notre médecin de famille, la pharmacie, le bureau de santé publique, l’hôpital… pour demander un médicament antiviral.»
Elle fait référence au Paxlovid, un médicament approuvé par Santé Canada le 17 janvier 2022. L’Ontario a reçu une quantité limitée du médicament, réservé aux personnes les plus à risque de maladie grave. Or, le Paxlovid doit être administré dans les cinq jours suivants l’apparition de symptômes pour être efficace. «On m’a dit qu’il n’y en avait pas en Ontario,» dit Mme Roberge, frustrée par le manque de renseignements clairs.
C’est après dix jours de quarantaine à la maison que Mme Roberge a finalement emmené son mari à l’hôpital, le 16 mars. Selon elle, on lui aurait dit qu’elle pourrait le voir le lendemain, mais cette visite lui a été refusée malgré tous ses arguments le 17. Elle s’est adressée aux infirmières, à la gérante de contrôle des maladies infectieuses, à la directrice de l’hôpital. Elle a montré un test COVID négatif. Rien à faire. «Même si j’avais un résultat négatif, même si j’avais été vaccinée trois fois, même si je pouvais porter de l’équipement de protection personnelle… je n’avais toujours pas le droit de voir mon mari.»