Un jardin d’espoir jaillit de racines douloureuses

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Les artistes Madyson Morningstar et Danielle Beauchesne avec leur œuvre «Ascendance.»

Il y a une nouvelle fresque à admirer au centre-ville de Sturgeon Falls, celle-ci l’œuvre d’un duo mère-fille qui l’a imprégnée d’une sensibilité et d’une signification profondes. La peinture de Danielle Beauchesne et sa fille Madyson Morningstar a été érigée le dimanche 12 décembre sur la clôture qui sépare le resto-terrasse Odéon et la fontaine municipale le long de la rue King à Sturgeon Falls. Intitulé «Ascendance», le tableau à deux panneaux rend hommage aux milliers d’enfants victimes des écoles résidentielles au Canada.

La partie inférieure du tableau représente des cœurs comme racines sous la terre, puis au-dessus, des fleurs de couleurs vives jaillissent du sol : c’est un jardin de commémoration et de renouveau à la fois. Le but des artistes, c’était de créer un rappel visuel permanent de ce que beaucoup de Canadiennes et Canadiens ont dû enfin affronter cette année, l’histoire d’un génocide, tout en évoquant aussi une émergence, un renouveau issu de la résilience et la force des communautés autochtones.

Le père de Madyson Morningstar est autochtone et «ma grand-mère est allée dans une école résidentielle,» dit-elle. «Nous avons intitulé le tableau «Ascendance», représentant quelque chose qui monte à la surface et qui grandit.»

Sa mère, Danielle, n’est pas autochtone mais ses trois enfants le sont. Lorsque Gayle Primeau, coordonnatrice du projet des fresques murales à Sturgeon Falls, lui a demandé de peindre un jardin de coquelicots, elle avait d’autres idées en tête. «Je voulais que les racines symbolisent les enfants,» dit-elle. Elle a donc demandé à Madyson de participer pour représenter sa culture. «Ainsi, nous avons des lis tigrés et des coquelicots comme symbole du souvenir.»

« Asendance » représente aussi la notion que la vérité finit toujours par faire surface. «C’était une surprise pour beaucoup de personnes, mais d’autres savaient depuis longtemps ce terrible « secret» qui était enfoui sous terre,» souligne Madyson. Danielle est d’accord. «Et puis ils n’en parlent toujours pas. Ce n’est que la pointe de l’iceberg.» Alors que d’innombrables enfants sont morts, elle souligne qu’on parle à peine des milliers d’autres qui vivent avec les séquelles depuis des générations. C’est pour cela que les deux artistes ont voulu laisser une trace tangible et très visible. «C’est pour sensibiliser, pour assurer la reconnaissance des torts infligés et pour soutenir les peuples autochtones qui continuent à en souffrir.»

Or, le tableau n’est pas qu’un triste rappel. C’est aussi un hommage à la résilience, un message d’espoir avec ses couleurs vives et de la peinture métallique qui le fait briller sous le soleil. Danielle raconte que ses enfants, dont Madyson, sont nés de son union avec un homme autochtone et qu’elle en sera toujours reconnaissante, même si c’était parfois difficile. Elle a vécu sur une réserve et ne se sentait pas toujours acceptée, mais elle reconnaît que son ancienne belle-famille avait traversé des épreuves traumatisantes. Or, elle ajoute que ses enfants sont chéris par leur famille.

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