Un homme de Verner part combattre en Ukraine

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Shawn Duquette est récemment rentré chez-lui, à Verner, après avoir servi comme soldat volontaire auprès de la Légion étrangère en Ukraine. Une blessure à la jambe l’a obligé à interrompre sa mission, mais il reste profondément marqué par l’expérience et la vaillance des combattants sur le terrain – des combattants de tous les coins du monde unis dans le même désir de défendre la liberté et la démocratie. Il a voulu se rendre en Ukraine «juste pour aider, comme n’importe qui qui verrait un intimidateur s’en prendre à une victime qui n’est pas de taille. (…) Je me suis dit qu’avec mon parcours et mon expérience, je pouvais peut-être faire une différence.»

Ce parcours comprend 18 ans d’expérience militaire, soit dix ans à l’armée de terre et huit ans dans la marine. En 2008, il a été libéré des Forces armées canadiennes et s’est installé dans cette région pour être plus près de la famille de son épouse. Le couple est originaire d’Halifax. Depuis, il est pompier volontaire à la caserne de Verner et travaille comme civil à la base militaire de North Bay. Il a aussi un fils militaire. C’est donc à 48 ans qu’il a décidé d’aller défendre David contre le géant Goliath. «L’Ukraine n’a rien fait de provocateur; le président Zelensky et son nouveau gouvernement travaillaient simplement à essayer d’éliminer la corruption et à faire avancer leur adhésion à l’Union européenne,» dit M. Duquette, déplorant l’agression gratuite de la Russie.

(Avant de continuer la lecture, soyez conscient que ce qui suit peut déranger. De plus, M. Duquette a précisé qu’il ne pouvait rien dévoiler qui mettrait en péril les opérations militaires en cours.)

Comme bien de ses confrères au combat, M. Duquette voit l’Ukraine comme un «dernier bastion» pour défendre les démocraties émergentes et nouvelles. «[Vladimir] Poutine ne s’arrêtera pas à l’Ukraine; il attaquera ensuite la Moldavie ou une autre nation qui ne fait pas partie de l’OTAN. Je pense que bien des gens pensent comme moi, parce que la Légion étrangère là-bas n’a pas de mal à recruter. J’ai travaillé avec des Colombiens, des Espagnols… Je me suis lié d’amitié avec un gars de l’Espagne; trente jours avant, il ne parlait pas l’anglais du tout et maintenant nous pouvons converser. En Ukraine, je me suis fait des amis Américains aussi, des gars de la marine, de l’armée américaine. Un gars de la marine américaine était technicien nucléaire sur un porte-avion.» Le conflit ukrainien a un effet unificateur chez de nombreux anciens soldats du monde entier, qui y voient une cause noble à défendre, même au risque de ne jamais revenir.

Or, M. Duquette déconseille aux jeunes sans expérience de s’engager dans un rôle de combattant. «J’ai rencontré un jeune de 19 ans, du Michigan, sans expérience aucune. Il a obtenu son diplôme du secondaire, puis il a fait ses bagages et pris un billet d’avion pour l’Ukraine. Il a le cœur à la bonne place, mais sans expérience militaire, se joindre à la Légion étrangère n’est pas le meilleur moyen d’aider. Il y a d’autres organismes, comme la Croix rouge ou des groupes d’aide humanitaire.» Il souligne qu’il faut beaucoup de ressources pour entraîner et bien préparer quelqu’un au combat, et l’Ukraine n’a pas ces ressources. Néanmoins, il ajoute que les Ukrainiens sont très reconnaissants envers les combattants d’expérience qui leur viennent en aide.

Il dit que les soldats étrangers sont accueillis à bras ouverts en Ukraine. «Ils reconnaissent le sacrifice que bien des gars font, laissant leur famille et leur emploi pour aller les aider (…) Puis le respect est réciproque, surtout envers l’armée ukrainienne. C’est David contre Goliath et ils tiennent le coup. Les Ukrainiens comptent surtout des soldats conscrits maintenant. Au début, c’était l’armée professionnelle et le Canada forme cette armée depuis 2014… Leur armée professionnelle fait de grands progrès, elle est presque au niveau des pays de l’OTAN,» explique M. Duquette. Avant cela, l’armée ukrainienne «était calquée sur l’armée russe, et d’après ce que j’ai vu, les atrocités, ce n’est pas un bon modèle d’armée. C’est plutôt un gang de rue en uniforme. Il n’y a pas de discipline, pas de soldats de qualité, et ne font que du massacre. Ils pendent des corps sur les poteaux téléphoniques. C’est terrible ce qu’ils font.»

M. Duquette dit qu’il a vu de ses propres yeux la nature barbare de l’invasion russe. «On voit la destruction partout et je ne me suis même pas rendu au front avant d’être blessé,» dit-il. Il ne veut pas parler de sa blessure, de comment et où il a été blessé, sauf pour dire «j’ai été là 17 jours et puis j’ai eu le muscle du mollet gauche déchiré. Évidemment, ce n’est pas idéal d’avoir sa mobilité réduite en zone de guerre. C’est difficile d’éviter des projectiles comme ça.» Il regrette d’avoir été obligé de quitter si vite, mais il se console d’avoir réalisé une part de ses objectifs. Il a apporté des fournitures médicales, une trousse médicale de combat, et d’autres ressources laissées avec la Légion étrangère. Il a essayé de rendre service dans un domaine autre que le combat, mais sa jambe allait prendre du temps à guérir et il s’est rendu compte qu’il deviendrait un fardeau entre temps.

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