
Edgar Gagné
À l’occasion du 50e anniversaire de Franco-Cité, plusieurs personnes me demandent de vous dire pourquoi et comment j’en suis venu à m’impliquer dans la lutte ardue pour l’obtention de l’école secondaire de langue française qu’est Franco-Cité. Je vous livre donc quelques réflexions portant sur certaines des expériences personnelles vécues au cours de cette crise scolaire historique.
En 1969-70, à l’âge de 25 ans, j’entreprenais, avec une certaine appréhension, ma première année d’enseignement dans l’école dite Sturgeon Falls Secondary School. À mon agréable surprise, l’enseignement me plaisait et convenait à plusieurs attributs de ma personnalité. Je me sentais accepté et respecté par les élèves et leurs parents à qui je rendais toujours la réciproque. Dès lors, je décidais de faire carrière dans l’enseignement au niveau secondaire.
À cette même époque (1968-1969), de nombreux parents francophones, forts d’une pétition de 2277 signatures et soutenu par la loi 141 demandaient au Nipissing Board of Education siégeant à North Bay, d’établir une école secondaire de langue française à Sturgeon Falls. C’était le début d’une lutte acharnée, d’une durée de 3 ans, contre les refus opiniâtres répétés de la part des conseillers anglophones du Nipissing Boaard of Education. Cette lutte historique et médiatisée est bien documentée dans les récits historiques de cette époque et je ne reviens pas sur les nombreux jalons de ce conflit scolaire inoubliable.
Je me permets, tout de même, de faire valoir maintenant les raisons qu’évoquaient les parents désireux de vouloir l’établissement d’une école comme celle de Franco-Cité.
J’en verbalise une liste des principales comme suit :
L’urgence d’enrayer un taux de décrochage augmentant chez les jeunes francophones (surtout chez les garçons) pour qui la réussite scolaire s’avérait plus difficile dans un milieu scolaire à caractère plutôt anglais.
Le désir d’offrir aux élèves francophones la possibilité d’étudier et de s’épanouir dans un climat (ambiance) français apte à freiner le taux d’assimilation de ces derniers et dernières.
Vouloir assurer un milieu scolaire où le bilinguisme additif serait de mise afin de favoriser l’apprentissage d’une langue secondaire (anglais) sans effet néfaste sur l’enrichissement et le maintien de la langue maternelle (français). À noter que ce n’était pas là une volonté de renier l’existence ni l’importance de la langue anglaise dans certains cours qui s’offriraient à Franco-Cité.
Encourager les jeunes francophones (la relève générationnelle) à assurer éventuellement la responsabilité de prendre en main la défense, la valorisation et la promotion de la culture française. Qui d’autres pouvaient le faire qu’eux? Notre culture française est un trésor à protéger et une richesse à partager.
Quant à moi, j’étais très sympathique à la demande et aux aspirations des parents francophones désireux d’obtenir l’éducation idéale pour leurs enfants. À l’époque (1969-70), ces parents étaient regroupés sous la bannière de l’Association d’Éducation de Nipissing Ouest. Plus tard, (1971) ma sympathie et mon appui s’étendaient au regroupement des élèves francophones s’identifiant sous le nom du Comité d’Action. Cet énergétique organisme venait épauler, renforcer et gonfler les rangs de ceux et celles, qui, sans fléchir, allaient assurer l’acquisition de Franco-Cité. Cette sympathie qui m’habitait, alors et depuis, tient du fait que tôt dans ma vie de jeune adulte j’ai été émerveillé et séduit par la qualité et les nuances du français et surtout par la richesse des nombreux éléments uniques à sa culture. Dès lors, j’ai consenti d’être fidèle à cette langue maternelle et de travailler sans cesse à sa vitalité afin d’en assurer la continuité historique.