Environ 700 résidents de Nipissing Ouest n’ont pas de médecin de famille. Or, la perte du Dr Martin Desjardins, qui fermera son cabinet le 11 mars, remet en évidence le besoin d’attirer plus de médecins à la région. Le pronostic n’est pas encourageant : deux autres retraites sont prévues d’ici cinq ans et deux médecins à la retraite qui offraient des services de relève ne sont plus disponibles; le Dr Gordon Ferguson est retourné en Angleterre et le Dr Jean Anawati ne pratique plus. Tout ça motive le comité de recrutement et de rétention des professionnels en santé à reprendre ses activités. Le comité local ne s’était pas réuni depuis le début de la pandémie, car celle-ci prenait toutes les ressources du secteur. Or, une réunion est prévue à la fin janvier pour discuter du besoin de plus en plus urgent.
La municipalité fournit 25 000$ par année au comité et continuera sans doute à investir. Le conseiller municipal Dan Roveda, président sortant du Centre de santé communautaire de Nipissing Ouest, dit que le recrutement est important mais qu’il faut aussi veiller à la rétention, car le niveau de stress que vivent les médecins locaux peut miner les efforts. «Ces médecins prennent de plus en plus de patients, et ils sont épuisés! Notre plan de sécurité et bien-être communautaire doit inclure les travailleurs en santé… Comme conseiller, je vois cela comme un besoin urgent et c’est aussi une question de développement économique. La première chose que fait un nouveau résident qui s’installe dans la communauté, c’est chercher un médecin… Il faut s’assurer que nos médecins ne soient pas surchargés.»
Il ajoute que les efforts, dans le passé, étaient concentrés sur les besoins de l’hôpital et que les médecins recrutés étaient plutôt urgentistes et pas généralistes, alors qu’il y a un manque important de médecins de famille. «Je vais demander à ce que le comité devienne plus communautaire, pas seulement centré sur les besoins de l’hôpital,» dit M. Roveda. Il souligne que le manque de médecins de famille met plus de pression sur l’hôpital, car les patients sans médecin aboutissent aux urgences pour des soins non-urgents.
La Dr Andrée Morrison, qui fait partie de l’Équipe santé familiale, un cabinet conjoint privé, dit que la pandémie n’arrange pas les choses car les médecins sont débordés. «Aborder le recrutement de manière plus collaborative en impliquant les divers secteurs, ça serait très avantageux. Évidemment, il y a l’hôpital, mais aussi le Centre de santé communautaire, la ville, Au Château, l’Équipe santé familiale et tous les partenaires… Lorsqu’on essaie de recruter un médecin, il faut élargir son filet, et aussi se rendre attrayant pour toute la famille, donc vanter les opportunités d’emplois pour l’époux ou l’épouse, les écoles pour les enfants, les loisirs… C’est là que la municipalité peut contribuer, et aussi les entreprises.»
La Dr Morrison pratique localement depuis 26 ans et elle avoue que les relations ne sont pas toujours idéales entre les partenaires du secteur de la santé. Elle a plus de 2000 patients, mais la moyenne est entre 600 et 1200 généralement. «Certains médecins ont 600 à 800 patients, mais ils font d’autres choses comme des quarts de travail aux urgences ou dans l’hôpital, ou alors dans les soins de longue durée. Un médecin peut avoir des fonctions variées. Il faut accepter cela. Quand j’ai commencé, c’était attendu que tout le monde fasse des heures en cabinet et des heures à l’hôpital. C’était vraiment chargé… ce n’est plus raisonnable de faire tout ça… Il faut comprendre que les gens ont différentes attentes, parfois ils sont malades, et ça peut influencer leur pratique. On ne peut pas exclure ces gens-là. On a besoin toutes les mains possible, même si c’est quelqu’un qui veut seulement 600 patients; au moins il y aura 600 personnes de plus avec un médecin.»